Les grottes de Dunhuang
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Dunhuang est une étape importante de l’ancienne Route de la soie, témoin de l’introduction en Chine du bouddhisme depuis l’Inde, carrefour des échanges politiques, commerciaux et culturels entre orient et occident. Les grottes Mogao surnommées « grottes aux mille buddha » sont situées au pied du mont Mingsha à 25 km au sud-est du district de Dunhuang ; elles tirent leur nom du village Mogao qui les abrite. Les grottes Mogao constituent le plus grand et le plus célèbre ensemble de grottes bouddhiques de Chine. Creusées sur plusieurs niveaux à flan de montagne, elles regroupent actuellement quatre cent-quatre-vingt-douze grottes de tailles différentes, environ 45000 m² de peintures murales et plus de deux mille statues polychromes.
Situation géographique
Dunhuang est dotée d’une longue histoire et d’une culture étincelante. En ce lieu se déploient barrages montagneux, immensité désertique, tintements des chameaux sur les voies anciennes, et l’ombre des pagodes à travers les grottes. La prégnance des coutumes populaires et les charmes d’une oasis baignée de sources limpides concourent à produire un spectacle merveilleux, tableau d’une beauté à l’élégance colorée, poème aux multiples sonorités. Dun, signifie grand. Huang, signifie florissant. Grandeur et splendeur qualifient ce lieu qui suscite une émotion enchanteresse mêlée à un sentiment de mystérieuse vénération.
Dunhuang est une oasis au sein des étendues désertiques, située à la jonction des provinces du Gansu, du Qinghai et du Xinjiang. Parce qu’elle repose au sud sur la magnificence des chaînes montagneuses de Qilian, rejoint à l’ouest l’immensité du désert du Taklamakan, prend appui au nord sur les montagnes Beisai, au caractère accidenté et tourmenté, et fait face, à l’est, aux pics rocheux abrupts des Sanwei, Dunhuang s’est formée en petit bassin oasien au milieu de terres arides. Sa superficie actuelle est de 3 120 000 kilomètres carrés et le coefficient pluviométrique, de 39.9 millilitres. La région jouit d’un fort ensoleillement, il n’y gèle pas durant de longues périodes, et le climat est tempéré. Les neiges des montagnes Qilian s’écoulent impétueusement et confluent avec le fleuve Danghe qui irrigue ce sol fertile et nourrit son peuple depuis des générations. L’ombre des arbres verdoyants et les parfums fruités révèlent un paysage fascinant et exotique.
L'histoire de Dunhuang
L'histoire de Dunhuang est pluriséculaire et son processus de développement, complexe. Dès l'époque préhistorique, la région est peuplée par l'ethnie Sanmiao, qui vit de chasse et développe progressivement des techniques de production agricole primitives ainsi que la fabrication d'outillages tels que couteaux et haches en pierre.
Pendant la période des Printemps et Automnes, Dunhuang fait partie de l'antique domaine de Guazhou où sont établies les tribus nomades des Qiang et des Rong, descendants des Sanmiao.
À l'époque des Royaumes combattants et sous la dynastie des Qin, la région abrite les ethnies Dayueshi, Wusun et Saizhong. Cette période de cohabitation ne dure pas, et les Dayueshi, jouissant d'une puissance croissante, finissent par annexer les Qiang et les Rong. Vers la fin des Royaumes combattants, les Dayueshi chassent les Wusun et les Saizhong pour occuper, seuls, Dunhuang.
Le début de la dynastie des Han occidentaux marque le début de l’aménagement de la région pour garantir la circulation le long de la Route de la soie. L'empereur Han Wudi établit les comtés de Wuwei et de Jiuquan en 121 av. J.C., ceux de Dunhuang et de Zhangye en 111 av. J.C., avant d'y ouvrir les passages Yangguan et Yumenguan.
À partir des Han orientaux, le bouddhisme s'introduit progressivement vers l'est et à Dunhuang, première terre chinoise d'accueil des cultures bouddhique et occidentales, s’opère un processus original d'assimilation de ces dernières avec celles de la Plaine centrale et autochtone. Au Ve siècle, le gouvernement en place à Dunhuang entreprend la construction de temples et de pagodes. Les grottes Mogao connaissent les prémisses de leur floraison.
Sous les Wei du Nord, le Hexi est en expansion. Cette période atteste d'une ferveur accrue pour le bouddhisme. L'édification de grottes et de statues fait l'objet de normes strictes, le peuple participe avec enthousiasme au financement des constructions. La création de plus de dix grottes au cours de cette période caractérisée par de faibles moyens de production, témoigne d'une remarquable contribution au développement de l'art bouddhique de Dunhuang.
Sous les Sui, le pays ne cesse de se fortifier, le niveau de vie connaît une forte amélioration et la pérennité de la Route de la soie est garantie. L'ancien district Ningsha prend le nom de Dunhuang. En raison de son fervent attachement au bouddhisme, l'empereur Wendi accorde une extrême importance à l'édification et à la restauration des édifices religieux. Dunhuang, terre d'accueil et d'introduction du bouddhisme en Chine, sous l'impulsion des décrets impériaux, se voit profondément marquée par les influences de cette religion. Temples et pagodes se propagent en ses lieux, les Forêts de statues bouddhiques y sont édifiées. Les créations à Mogaoku se dressent les unes après les autres ; en l'espace de trente-sept ans, soixante-dix-sept grottes sont creusées, parmi lesquelles les modèles de plus grande envergure. Les styles des peintures murales et des sculptures sont empreints des arts de la Plaine centrale. Il s'agit de la plus importante production de grottes en une aussi courte période.
Au début de la dynastie des Tang, Dunhuang prend le nom de Shazhou. Son économie est développée, sa culture florissante, le bouddhisme prospère au sein d'une société stable. La construction des grottes Mogao connaît une expansion sans précédent.
Entre le Xe et le XIVe siècles, les environs de Dunhuang demeurent actifs malgré le transfert du centre politique, économique et culturel vers le sud-est.
Après avoir fondé la dynastie des Ming, l'empereur Zhu Yuanzhang détache Feng Sheng, duc de Song, dans le Hexi. Il y fortifie la Grande muraille et ouvre le passage de Jiayuguan, à l'ouest duquel se trouve Shazhou à Dunhuang. À partir du XIe siècle, les régions de Guazhou et de Shazhou ne sont plus actives.
À la fin du règne de l'empereur Kangxi (1654-1722) de la dynastie des Qing, les vastes zones des environs de Jiayuguan font l'objet d'un regain d'intérêt et sont réhabilitées. On pratique le défrichage des terres et met en œuvre le développement de l'agriculture. Vers la fin du règne de l'empereur Yongzheng (1678–1735) plus de 6670 hectares sont cultivés. En 1760, la garnison de Shazhou est nommée district de Dunhuang. En 1949, après la fondation de la République populaire de Chine, Dunhuang est largement développée, en 1987 le Conseil des affaires d'État l’élit municipalité.
Paysage culturel de Dunhuang
Depuis les temps reculés, Dunhuang accueille d'éminents personnages sur un site empreint de merveilleux. Les anciens, de générations en générations, sur ces terres arides déploient leur énergie avec diligence et perspicacité dans l'élaboration d'un ouvrage culturel grandiose. Le paysage qui se dévoile à Dunhuang, parois escarpées aux portes du désert, jonction stratégique de la Route de la soie, révèle un lien intime entre l'environnement géographique et l'évolution historique.
L'art des grottes
Le site de Mogaoku représente l'art de Dunhuang. Trésor doté d'une longue histoire, il assimile la quintessence des cultures orientales et occidentales et manifeste l'esprit des peuples qui l'ont habité. L'ensemble des grottes de Dunhuang regroupe les sites de Mogaoku, de Xi Qianfodong (Grottes occidentales aux mille Buddha), de Yulin (grottes de la Forêt d’ormes) et de Dong Qianfodong (Grottes orientales aux mille Buddha) dans le district de Guazhou, ainsi que les Wugemiao (Cinq Temples) au nord du district de Suzhou.
Le site de Mogaoku qui se situe à vingt-cinq kilomètres au sud-est de la ville de Dunhuang sur les rives du fleuve Daquan, s'étend du Nord au Sud sur environ mille six cents mètres. Alignées telles des écailles d'argent, les grottes se substituent les unes aux autres à perte de vue, ruches incrustées dans les falaises en surplomb des étendues désertiques. Les passerelles de bois qui serpentent suspendues à flanc de montagne, les édifices dressés de toute leur hauteur et les sifflements du vent le long des parois, promettent un spectacle grandiose.
La construction des grottes de Mogao débute en 366 ap. J.C. et se poursuit jusqu’à la dynastie des Yuan. Malgré les détériorations engendrées au cours des siècles par la nature et par les hommes, plus de quatre cent quatre-vingt-douze grottes, quarante-cinq mille mètres carrés de peintures murales et plus de deux mille quatre cents statues ont été conservées jusqu'à nos jours – chef-d'œuvre d'art bouddhique le mieux conservé au monde, classé au patrimoine de l'UNESCO.
L'art de Dunhuang, ingéniosité de l'âme, partage mesure dans l'harmonie et exactitude dans les proportions. Le site de Mogaoku qui combine esthétiques picturale, sculpturale et architecturale, constitue une source importante dans les recherches sur les disciplines telles que la politique, l'économie, la stratégie militaire, les transports, la géographie ou les religions populaires des temps anciens.
Dans les grottes, Bodhisattva plein d'esprit aux sourires enchanteurs, immortelles inspirées dans leurs mouvements mélodieux, Apsara douées de grâce suspendues en volutes infinies, fleurs multicolores à profusion de pétales et instruments de musique aux sonorités divines ouvrent les portes d'un royaume céleste.
Les peintures murales
Les grottes de Mogao, qualifiées de gigantesque musée des beaux-arts, abritent actuellement plusieurs milliers de mètres carrés de peintures murales aux couleurs multiples et lumineuses. L'iconographie picturale se subdivise globalement en représentations de figures bouddhiques, peintures dérivées de Sutra, peintures à thèmes issus de la mythologie, représentations de dévots, peintures ornementales, illustrations de récits bouddhiques et peintures de paysages.
Les représentations de figures bouddhiques
Buddha, bodhisattva, généraux protecteurs et autres divinités sont pour la majeure partie réalisés au sein des tableaux Shuofa, séries d'exposés des enseignements-expériences dharma.
Les peintures dérivées de sutra expriment au moyen de dessins et d'écrits les contenus des canons bouddhiques. Paroles de Buddha, principes spirituels abscons et propos ésotériques sont présentés, explicités au peuple sous différentes formes et selon divers procédés. La représentation peut se faire au moyen de dessins, ou au travers de récits et de chants.
Les représentations à teneur mythologique dépeignent des scènes et personnages légendaires chinois. Citons l'Empereur de l'Orient, la Reine Mère de l'Occident, Fuxi, Nüwa, le Dragon Vert de l'Est, le Tigre Blanc de l'Ouest, l'Oiseau Vermillon du Sud, la Tortue Obscure du Nord, et les esprits des Vent, Pluie et Tonnerre. Cette association d'éléments issus du bouddhisme, de la mythologie chinoise et du taoïsme reflète le lien entre l'ataraxie bouddhique et la notion de vide taoïste, ainsi que le processus de sinisation de notions d'origine indienne.
Les représentations de dévots rendent hommage aux croyants qui ont participé au financement de la construction des grottes. Pour que leur croyance soit manifestée et leur nom inscrit dans la postérité, ils ont été immortalisés sur les parois des grottes, accompagnés des membres de leurs clans, de leurs proches parents, et de leurs servants.
Les peintures ornementales se retrouvent surtout sur les composantes architecturales telles que faîtes, entraits, listels ou plafonds en forme de puits orientés vers le ciel, recouverts de "peintures algues" aux motifs tentaculaires et filamenteux. Les ornements, qui agrémentent également autels, costumes ou instruments de musique, varient en fonction des époques et témoignent d'une grande habileté technique et d'une forte puissance symbolique.
Les illustrations de récits bouddhiques, à l'instar des peintures dérivées de sutra, sont à teneur didactique et ont pour but de diffuser à grande échelle les préceptes du bouddhisme. Il s'agit d'inculquer aux non initiés, de manière simplifiée, claire et imagée, les enseignements sibyllins et symboliques extraits des canons élaborés au cours des siècles. Le riche contenu des histoires dépeintes, les scènes émouvantes et vivantes, exercent un fort pouvoir d'attraction sur l'esprit de l'observateur.
Parmi ces illustrations de récits bouddhiques, on distingue celles des histoires directement issues des commentaires aux canons bouddhiques, des histoires des vies antérieures de Sakyamuni, des histoires qui traitent du principe des causes et effets, des récits historiques et des histoires métaphoriques.
Les histoires issues des commentaires aux canons bouddhiques, pour la plupart inspirées de mythes et de contes de l'Inde ancienne, rapportent essentiellement les actes méritoires accomplis par Sakyamuni. En raison des compléments apportés par les disciples à travers les siècles, ce genre de peinture est généralement constitué par l'association de plusieurs panneaux déroulés les uns à la suite des autres. Sakyamuni pénètre l'embryon en éléphant, peinture représentative de ce genre, est constituée de six rouleaux horizontaux composés au total de quatre-vingt-sept tableaux assemblés suivant un ordre chronologique. Sont relatées les scènes de l'histoire de la vie de Sakyamuni, de sa naissance à son voyage initiatique. Ce type de peinture murale, véritable fresque historique, demeure cependant assez rare.
Les histoires des vies antérieures de Sakyamuni relatent les actes de compassion accomplis par le sage avant son accès à l'Éveil. Elles explicitent les notions karmiques de rétribution et évoquent les modes de libération des cycles du samsara. Les peintures datent généralement des premiers siècles de Dunhuang. Citons, Saduona se sacrifie pour nourrir le tigre, Le roi Shipi découpe sa chair pour secourir la colombe, Le cerf se sacrifie pour sauver autrui, Xuduti découpe sa chair par piété filiale. Malgré leur teneur religieuse, ces tableaux sont empreints d'éléments mythiques et folkloriques.
Les histoires qui traitent du principe des causes et effet, loi du réseau d'interdépendance entre causes et conséquences dans la naissance des phénomènes, consignent les actes de personnages éminents accomplis au cours de leurs existences phénoménales, encore soumises au cycle des renaissances. Ces histoires diffèrent de celles des vies antérieures de Sakyamuni essentiellement par un contenu élargi à l'exposé des vies de disciples, d'adeptes, de saints et de bodhisattva. Les plus célèbres sont Cinq cents vigoureux brigands s’adonnent au bouddhisme, Shami observe le jeûne et met fin à ses jours, Le prince Shanyou sur les flots, à la recherche du trésor. Le contenu étrange et les intrigues complexes confèrent une forme de théâtralité à ce genre pictural.
Les chroniques issues de la tradition bouddhique, élaborées sur la base de récits consignés dans les annales historiques, présentent les vies de saints, illustrent les notions karmiques d'impulsion-réponse, exposent certains préceptes religieux et talismans. Ces personnages et faits historiques sont mis en scène essentiellement sur les niches de Buddha, aux extrémités des allées et dans les angles des cavités. Certaines peintures, telles Zhang Qian en délégation vers l'ouest ou Le moine Fo Tucheng de la grotte n°323, ainsi que Le moine Liu Sahe de la grotte n°72, occupent cependant la partie médiane des parois.
Les histoires métaphoriques divulguent aux adeptes les enseignements profonds de Sakyamuni sous forme de suites analogiques mettant en œuvre les facultés d'imagination de l'observateur. Ces récits, importés de l'Inde ancienne et de l'Asie du Sud-est pour la plupart, consistent en aphorismes et en contes collectés et consignés par les disciples dans les sutras. Citons les représentations de Xiang Hu et l’éléphant doré, Le lion au pelage d’or.
Les peintures de paysage, omniprésentes, recouvrent les parois des grottes de Dunhuang. Au riche contenu, aux formes et aux couleurs multiples, elles ont tendance à se fondre dans les peintures dérivées des sutra et dans les illustrations de récits pour en rehausser le contenu. Certaines, en accord avec le paysage dépeint dans le canon bouddhique, éclairent de manière concrète la narration et ajoutent à la force symbolique de représentation du Paradis occidental.
Les sculptures
Mogaoku abrite actuellement plus de deux mille sculptures, élégantes statues aux couleurs raffinées extrêmement bien conservées en raison du climat désertique. Les plus grandes mesurent une trentaine de mètres, les plus petites quelques millimètres.
Les sculptures représentent essentiellement les figures emblématiques du bouddhisme, telles Sakyamuni, Maitreya, Bhaisajya (buddha Médecin), les buddha des Trois Périodes (Kasyapa, du passé ; Sakyamuni, du présent ; Maitreya, du futur) et des Sept Périodes anciennes (Bipasyin, Sikhin, Visyabhu, Krakucchanda, Kanakamuni, Kasyapa, Sakyamuni) ; mais aussi les bodhisattva Avalokiteśvara, Mahāsthāmaprāpta (Dashizhi) ; et autres disciples, deva, guardiens et apsara.
N’ayant pu être taillées à même la roche, les statues ont été façonnées dans l'argile selon les techniques traditionnelles de modelage et d'assemblage. La place des personnages dans les salles et les niches diffère en fonction de leur importance au sein du panthéon bouddhique.
La principale caractéristique de l'art sculptural du Dunhuang réside dans l'association complémentaire des peintures et des sculptures. Tableaux et statues ne forment qu'un seul corps et se font mutuellement écho au sein des paysages. Les sculptures des niches et des autels rehaussent les peintures murales, lesquelles animent à leur tour les statues dans une harmonie de reliefs et de couleurs. Cette union des peintures et des sculptures se trouve elle-même combinée à la puissance d’évocation des images sculptées. Les richesses de couleurs et de postures qui induisent la manifestation chaque fois différente de l'esprit d'une même statue, couplées à la diversité des représentations sculpturales d'un même personnage, induisent une magie d'expressions multiples.
Les compositions architecturales
La singularité de l’esthétique bouddhique de Dunhuang réside dans la combinaison des techniques picturale, sculpturale et architecturale. La composante architecturale, corps principal de l’art de Mogaoku, se subdivise en grottes, auvents, pagodes et édifices représentés dans les peintures.
Les grottes
Sept cent trente-cinq grottes, dont les formes et motifs varient avec les époques, ont été préservées jusqu'à nos jours. On différencie essentiellement les grottes à pagode centrale, les grottes à niches logées de disciples en postures méditative, les grottes en forme de boisseau renversé, les grottes à paravent dorsal de soutien, les grottes à plafond voûté, les grottes aux buddha ayant atteint le Nirvana et les grottes à grands buddha.
Les auvents
Abris construits à même la falaise, pour la plupart en bois peint, ils surplombaient majestueusement la vallée, selon les sources transmises.
Les pagodes
Constructions importées d’Inde, les pagodes abritent les cendres des saints, les statues et les écrits bouddhiques. Hauts pavillons à étages, elles sont de formes et de dimensions variables. Les pagodes préservées jusqu’à nos jours à Mogaoku sont en majorité des sépultures, hormis la pagode commémorative du buddha Mi Le et celle du Lotus, aux abords de la Grande Muraille.
Les représentations picturales d’édifices architecturaux
Plus de dix mille ont été répertoriées. Les bâtiments représentés dans les peintures dérivées de sutra et dans les illustrations de récits bouddhiques sont les plus nombreux et les plus imposants. Les constructions du Palais céleste des peintures dérivées de sutra, grandioses et luxueuses, figurent essentiellement des palais et des pavillons, des terrasses fleuries traversées de cours d’eau, des étangs de jade, des temples et des pagodes représentatifs des demeures impériales et des sanctuaires religieux de l’époque. Les nombreux édifices représentés dans les illustrations de récits bouddhiques, témoignages des habitats et bâtiments traditionnels, sont pour la plupart des fermes, des habitations paysannes, des auberges, des débits de boisson, des remparts et des fossés de cités, des relais de poste, des prisons ou des tombeaux. Outre ces représentations d’inspiration chinoise sont figurés des modèles architecturaux d’origines étrangères.
L’un des monuments les plus singuliers de Mogaoku est l’immense pavillon édifié à flan de montagne, grandiose, du haut de ses neuf étages à auvents aériens. Dénommé Grand palais bouddhique ou Pavillon à neuf niveaux, il se dresse au milieu des grottes. Les auvents, adossés à la paroi montagneuse, se superposent sur quarante-cinq mètres de haut. Le dernier niveau, à toit octogonal, abrite le sommet de la statue de Buddha ; les auvents des huit niveaux inférieurs, de plus grande envergure et de forme rectangulaire, sont chacun soutenus par six piliers de bois. Les angles saillants pointent vers le ciel, carillons éoliens suspendus avec grâce. Pavillon imposant, ce monument est l’emblème des grottes de Mogao.
La statue du bouddha Mi Le, ou Grande statue du nord, qui siège au sien de l’édifice, d’une hauteur de trente-quatre mètres et demi, est la plus grande sculpture au monde taillée à même la roche logée dans une grotte. « Mi Le », transcription phonétique du sanskrit Maitreya, traduit en chinois « le bienveillant », est le bouddha des temps futurs dans l’eschatologie bouddhique. D’après le Sutra de Maitreya, après que Sakyamuni aura atteint le Nirvana, son successeur Mi Le se manifestera parmi les hommes pour leur enseigner le pur dharma et les conduire vers l’Éveil. Selon les sources transmises, cette statue aurait été édifiée en 695 par le maître de bouddhisme Chan, Ling Yin, et par l’ermite Yin Zu. La grande salle et les neuf auvents aériens dominants à flanc de montagne, abris des oiseux, font écho aux tintements du vent dans une union de l’architecture et du paysage. Piliers de construction et arbres s’enlacent harmonieusement, les niveaux superposés à perte de vue dessinent un tableau grandiose et flamboyant.