La poésie du Tao
La poésie occupe une place prépondérante dans la littérature chinoise. La poésie du Tao, ou du Zen, constitue un genre mystique de cette poésie. Pourtant, il ne s’agit pas de la poésie taoïste. Par la poésie du Tao, on entend plutôt la poésie bouddhiste, appelée en Chine ‘禅诗’, c-à-d la poésie du Ch’an, ou du Zen en japonais, dérivé du dhyana en sanscrit, ou encore du Tch’an en ancienne transcription française.
Si on l’appelle la poésie du Tao, c’est parce que c’est bien précisément le Tao que l’on cherche ou exprime par une méditation poétique. Et cette démarche poétique est destinée à susciter l’Eveil.
Huang la Vallée, un poète de la dynastie des Song a fait état de sa prise de conscience du Tao dans son ci (poème à chanter) intitulé « Orgueil de la famille de pêcheurs » et où l’esprit-miroir s’acquiert par un brusque éveil :
Pendant près de 30 ans, j’ai erré,
Cherchant partout le Tao.
Combien de fois n’ai-je pas vu tomber les feuilles,
Et pousser de nouvelles branches !
Mais c’est maintenant en regardant
Les pêches en fleur que je perds
Soudain tous mes doutes !
Le conférencier va aborder également le Zen, dérivé du Ch’an chinois au Japon, au XIIe siècle, mais plus connu en France. Le Zen a exercé une grande influence sur la littérature japonaise, et en particulier, dans le domaine de la poésie. Tout comme la poésie Ch’an en Chine, la poésie du Zen s’applique aussi sur la contemplation pure. Ainsi, le poète japonais Yosaï chante-t-il :
Immensité infinie de l’Esprit !
Telle l’infinie profondeur du ciel
Mais l’Esprit va au-delà
Comme il dépasse l’épaisseur terrestre.
Sans doute, ce poète zen s’efforce d’ouvrir un chemin qui refond le corps et l’âme du genre humain, dans le labyrinthe du Vide.
Intervenant : Shen Dali, membre de l’Association des écrivains de Chine, historien