« Les chroniques étranges du pavillon des loisirs » et la littérature fantastique occidentale
Conférencier : M.Shen Dali, professeur et écrivain
En automne 2020, la Bibliothèque de l’Image, éditeur français et Les Editions Education et recherche de Beijing a publié conjointement à Paris « Les chroniques étranges du pavillon des loisirs », un des grands classiques de la littérature chinoise, écrit par Pu Songling (1640-1715) de la dynastie des Qing, avec plus d’une centaine de belles illustrations de peintres de la même époque.
Comme le présente la FNAC, il s’agit d’une réunion de contes fantastiques, mêlant naturel et surnaturel, dont les principaux instigateurs sont des femmes et où l’amour tient une place importante. Le personnage récurrent n’est autre qu’une douce femme-renarde au grand cœur, beauté féminine incarnée qui tantôt disparaît, tantôt apparaît, toujours souriante et pleine de sollicitude pour son hôte.
En effet, l’histoire de la Renarde devient la quintessence de la création littéraire de Pu Sonling. Dans « Fengxian la fée » du volet IX de l’ouvrage, l’auteur conte les amours d’une renarde avec un lettré pauvre. Ce dernier est follement épris de la jeune renarde qui, pendant un certain temps, n’apparaît que dans un miroir. Le couple, un humain et une animale, nage pourtant en pleine félicité dans un amour sans discrimination, avec l’intervention du surnaturel. Et l’auteur termine ainsi cette histoire extraordinaire dans son « jugement du chroniqueur » : « Je souhaiterais que les Immortels du Gange envoient d’innombrables belles ondines ici-bas pour que les pauvres communs des mortels ne vivent plus seuls dans cette mer des douleurs. »
Quelle histoire fantastique qui renvoie à l’imaginaire !
De là, on pense tout naturellement à Véra du poète français Villiers de l’Isle Adam, à Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, ou encore, au Chat noir d’Edgard Allen Poe. De toute façon, on aurait intérêt à confronter Pu Sonling à certains écrivains de la littérature fantastique occidentale pour découvrir des similitudes d’une part, et surtout, des différences de culture, entre diverses nations, de l’autre.